Expérience de la série

Publié le par L'individu

Je ne résiste pas à vous livrer quelques commentaires : moi j’ai (vraiment) regardé Dallas, et aussi Dynastie qui s’est installée dans la foulée comme son concurrent en totale surenchère : plus de fric, plus de sexe, plus d’intrigues, plus de tout, faisant rapidement paraître Dallas comme cheap et déjà ringard ! Puis il y a eu Côte Ouest, Santa Barbara, même les Feux de l’Amour ou Amour, Gloire et beauté (dont la référence dans « Journal intime » de Nanni Moretti témoignait déjà à l’époque d’un phénomène collectif touchant toutes les CSP – phénomène constant et à toute échelle, par exemple aujourd’hui, vous pouvez trouver nombre d’ « intellectuels » se pâmant devant Plus belle la vie…)

Petite, je regardais sans recul, parce que c’était le week-end avant « Droit de réponse », que j’étais chez mes grands-parents, moins circonspects que mes parents vis-à-vis de la télévision… j’ai d’ailleurs également beaucoup vu « au théâtre ce soir » mais c’est une autre histoire !

Ensuite, plus grande, je regardais toujours, en admettant que c’était « nul », mais avec un vrai plaisir que je prenais comme tel, sans analyse donc toujours sans vrai recul.

Aujourd’hui je ne regarde plus (j’en regarde d’autres) mais trouve ça formidablement intéressant car j’ai les moyens d’un méta regard, auquel on peut ajouter le goût du vintage, la nostalgie de l’enfance, l’affectation snob etc.

Avec son côté original et fondateur, Dallas conserve une force de rémanence sans égal ; des personnages sont devenus des figures, la série a généré des références collectivement partagées (JR le méchant puissant, Pamela et son coupé Mercedes, Cliff le looser, Lucie la pauvre fille…) et des répliques comme « Sue Ellen tu es saoule » sont courantes en tous milieux…

L’analyse de l’objet est pertinente (dimension politique et sociale incontestable – les séries TV sont les meilleurs témoins d’une époque car elles sont quasiment affranchies de la notion d’Art qui implique souvent une mise à distance, un recul et une conscience que les impératifs de production massives contraignent d’éviter ; elles contiennent donc en creux du descriptif sa critique sans être nécessairement critique dans l’intention) mais les écueils nombreux, notamment sur la question de l’intentionnalité, la conclusion me paraît synthétiser la question à éviter à tout prix : « ode ou critique ? La question reste ambiguë » ; pourvu qu’on ne se la pose pas, car là n’est pas l’enjeu !

C’est un projet difficile et passionnant ; ces considérations n’engagent que moi, évidemment – faut dire que si la cible est large, j’en suis bien au cœur.

Laetitia Padovani  (Assistante de direction du Théâtre Gyptis à Marseille)

 

Publié dans Questions- réflexions

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